Nous participons au déchargement. Placer des barils de fioul sur les traîneaux, déplacer des containers, grimper sur leur toit pour détacher les filins, débarquer des caisses : on devient de vrais dockers de l’Antarctique ! Pendant ces travaux, comme le rythme d’arrivée des traîneaux n’est pas très élevé, j’ai le temps d’observer un petit rorqual, tout, tout près du bateau, un phoque crabier sur la glace, un Manchot empereur intrigué, de nombreux pétrels des neiges, un Pétrel antarctique et deux Labbes de Maccormick. En soirée, arrive ce que le capitaine craignait. J’étais en train de discuter sur le pont avec Alain Hubert, de sciences, de recherches antarctiques, d’ours polaire lorsque des « tonks-tonks » sourds se font entendre. Les amarres se tendent, le bateau bouge et recule très lentement. Toutes les personnes sur la glace sont rappelées d’urgence vers le bateau, l’échelle de coupée glisse ; bientôt le bateau ne sera plus accessible. Deux des amarres lâchent avant que les moteurs ne soient relancés. Au même moment la baleine refait son apparition près du bateau. Alain Debroyer, parti vers la plateforme, n’est pas rentré et devra dormir dans un container là bas. Les opérations de déchargement sont suspendues. Le capitaine relance le bateau dans la glace un peu plus loin. A minuit, le navire retrouve un bon point d’amarrage, à proximité de l’ancien et les manœuvres d’accostage recommencent. Demain, on pourra reprendre le débarquement.